Par Steve Tiwa Fomekong, chargé de recherche sur l’Afrique au CÉRIUM

Dans la foulée de la Journée mondiale de l’Afrique, le 25 mai, nous vous proposons tout au long de la semaine une sélection d’ouvrages majeurs, de films et d’éléments du patrimoine culturel et naturel qui mettent en lumière l’histoire et tout le patrimoine du continent africain. Aujourd’hui : les films incontournables.

Le vent des Aurès (1966), film réalisé par Mohammed Lakhdar Hamina

Plongé dans une Algérie colonisée par la France au fin fond de campagne (les Aurès), ce film raconte l’histoire d’une famille paysanne détruite par la guerre d’Algérie. Alors que le père est tué lors d’un bombardement de l’aviation française, le fils est arrêté par des soldats français. À travers le récit du combat de la mère qui va de camp en camp pour retrouver son fils, le film nous fait découvrir les réalités de la guerre de libération d’Algérie en même temps qu’il nous présente le lourd bilan de cette bataille historique.

Racines (1977), mini-série réalisée par David Greene

Adaptation du roman éponyme d’Alex Haley, cette mini-série dresse le portrait sans concession d’une famille d’esclaves afro-américains sur trois générations, avec pour toile de fond les grands évènements fondateurs des États-Unis. Elle retrace l’histoire de la douloureuse destinée de l’Africain Kunta Kinté, capturé puis réduit en esclavage, ainsi que celle de ses descendants.

Amistad (1997), film réalisé par Steven Spielberg

Inspiré de faits historiques authentiques, ce film raconte l’histoire d’une mutinerie d’un groupe d’esclaves africains d’origine sierra-léonaise transportés en 1839 à bord de La Amistad, devenue un symbole du mouvement pour l’abolition de l’esclavage.

Lumumba (2000), film réalisé par Raoul Peck

Ce film aborde la thématique de la lutte pour l’indépendance des États africains au cours des années 1960. Il est consacré à Patrice Lumumba, « premier » premier ministre de la République démocratique du Congo. Le film met en lumière l’ascension politique de ce dernier, ses initiatives en faveur de l’indépendance de son pays, ainsi que les raisons et les circonstances de son élimination brutale en 1961.

Mooladé (2004), film réalisé par Ousmane Sembene

Mooladé se penche sur la thématique des mutilations génitales féminines, pratiquées dans certains pays africains. C’est l’histoire d’une femme, Collé Ardo, membre d’une tribu sénégalaise qui invoque un ancien charme africain pour protéger quatre filles contre le devoir de subir une cérémonie génitale de mutilation. Le film montre la confrontation du « moolaadé », le droit à la protection, et de la « salindé », l’excision traditionnelle.                                                 

Sometimes in April (2005), film réalisé par Raoul Peck

Film historique en lien avec le génocide rwandais. Tourné sur les lieux même de la tragédie, le film centré sur le destin de deux frères hutus décrypte en détails les mécanismes du génocide qui a fait près d’un million de morts en trois mois au Rwanda. Il dépeint les paramètres et les circonstances qui peuvent conduire à l’éclatement d’un pareil génocide, tout en livrant les images d’horreur qui y sont rattachées.

Cuba, une odyssée africaine (2007), documentaire réalisé par Jihan El Tahri

Ce documentaire braque les projecteurs sur la guerre froide du point de vue de l’Afrique. Il retrace l’intervention des forces armées cubaines dans trois pays africains : le Congo, la Guinée-Bissau et l’Angola. Cette intervention fut faite à la demande des jeunes révolutionnaires africains tels que Lumumba, Cabral et Neto qui firent appel aux forces armées cubaines pour les aider à s’affranchir du joug colonial, ce qui permit à Cuba de jouer un rôle central dans la nouvelle stratégie offensive des pays du tiers-monde contre le colonialisme des empires anciens et nouveaux. Retraçant l’épopée d’Ernesto Che Guevara au Congo jusqu’à la victoire des troupes cubaines à Cuito Cuanavale en Angola contre l’armée sud-africaine de l’apartheid, le film met en avant un pan de l’histoire du continent africain injustement méconnue du grand public.

Les États-Unis d’Afrique (2011), documentaire réalisé par Yanick Létourneau

Ce film documentaire suit l’un des pionniers du hip-hop africain, Didier Awadi, dans la réalisation d’un album visant à rendre hommage aux principaux leaders de la conscience noire qui se sont battus pour l’avènement d’une Afrique libre et indépendante. Il offre une réflexion profonde sur le pouvoir de la musique et la force de l’engagement individuel et collectif.

Black November : Struggle for the Niger Delta (2012), film réalisé par Jeta Amata

Le film raconte la lutte d’une communauté du delta du Niger contre le gouvernement nigérian et une société multinationale pétrolière pour sauver leur environnement détruit par des déversements excessifs de forages pétroliers. Cette fiction se déroule autour d’une intrigue passionnante qui met au premier plan une question politique d’actualité, celle de l’oppression des populations locales par les firmes multinationales, avec la complicité des membres du gouvernement.

The book of negroes (2015), mini-série réalisée par Clément Virgo

Tirée de l’ouvrage éponyme publié en 2007 par Lawrence Hill, cette mini-série aborde le thème de l’esclavage et de ses conséquences désastreuses. Elle raconte l’histoire d’une jeune fille enlevée en Afrique par des trafiquants d’esclaves puis déportée en Amérique.

The fisherman’s diary (2020), film réalisé par Enah Johnscott

Le film raconte l’histoire d’une jeune fille de 12 ans répondant au nom de Ekah qui vit dans un petit village de pêcheurs situé dans le Sud-Ouest du Cameroun. Dans ce village où l’éducation de la jeune fille est considérée comme un tabou, la brave et intelligente Ekah va défier toutes les barrières de sa communauté, et plus encore celles de son père Solomon, pour pouvoir jouir du droit à l’éducation qui lui est formellement refusé. Dotée d’une volonté et d’une détermination ardentes, Ekah s'inspirera de l’histoire de la plus jeune Prix Nobel de la Paix, Malala Yousafzai, pour mener son combat. Considéré comme un film révolutionnaire dans l’histoire du cinéma africain, ce film captive surtout par l’actualité des thèmes qu’il aborde, notamment celui de l’éducation de la jeune fille, du mariage précoce, de la place de la femme dans la société et de la maltraitance des enfants.