Par Steve Tiwa Fomekong, chargé de recherche sur l’Afrique au CÉRIUM
Dans la foulée de la Journée mondiale de l’Afrique, le 25 mai, nous vous proposons tout au long de la semaine une sélection d’ouvrages majeurs, de films et d’éléments du patrimoine culturel et naturel qui mettent en lumière l’histoire et tout le patrimoine du continent africain. Aujourd’hui, pour conclure cette série : 14 figures, monuments et sites emblématiques.
FIGURES EMBLÉMATIQUES DE L’AFRIQUE
Angélique Kidjo
Née le 14 juillet 1960 à Ouidah, au Bénin, Angélique Kpasseloko Hinto Kandjo Manta Zogbin Kidjo, dite Angélique Kidjo, est une chanteuse dont l’héritage artistique fait aujourd’hui d’elle une des artistes africaines les plus reconnues dans le monde. Considérée comme la reine de l’afro-funk, sa plume est sensible aux problèmes de société qu’elle perçoit. Révoltée par la misère des pays du tiers monde et d’ailleurs, elle écrit des textes engagés. Célèbre pour la diversité de ses influences musicales, l’originalité de son engagement a fait d’elle la lauréate de plusieurs récompenses aussi bien au niveau continental qu’international. Sa longue et riche carrière lui a valu plusieurs récompenses (Grammy Awards, Académie Charles Gros, etc.). Elle est par ailleurs ambassadrice internationale de l’UNICEF. Parmi ses grands succès, on retrouve les chansons Agolo, We we, Wombo Lombo, Afirika et Batonga.
Salif Keita
Né le 25 août 1949 à Djoliba, au Mali, Salif Keita est chanteur et musicien. Depuis le succès international de ses albums des années 1980, il fait partie des musiciens reconnus de la world music et est l’un des principaux artistes de son pays. D’abord rejeté par les siens à cause de son albinisme, Salif Keita n’a pas abandonné ses rêves de devenir artiste. Sa persévérance sera payante puisque dans les années 1970 et 1980, il deviendra une icône reconnue internationalement grâce à sa voix rauque, à ses arrangements musicaux novateurs et à ses paroles éminemment poétiques. Tout au long de sa carrière, il s’illustre en véritable figure de proue de la lutte pour les droits des minorités, notamment ceux des albinos. Connu comme « la voix d’or de l’Afrique », il a dédié son album primé «La différence» à l’élimination des violations des droits des personnes vivant avec l’albinisme dans le monde.
Wangari Maathai
Surnommée « la femme qui plantait des arbres », Wangari Muta Maathai est une biologiste, professeure d’anatomie en médecine vétérinaire et militante politique et écologiste née le 1er avril 1940 à Ihithe, au Kenya. Première femme d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale à obtenir un doctorat, elle fonda en 1977 le Mouvement de la ceinture verte, une organisation non gouvernementale qui encourage les femmes à planter des arbres pour lutter contre la déforestation et la dégradation de l’environnement. Par son dynamisme et sa détermination, elle réussit au fil des années à faire de ce mouvement un modèle d’organisation de femmes de renommée internationale. À ce jour, on estime à plus de 50 millions le nombre d’arbres plantés grâce au Mouvement. Consciente que les enjeux environnementaux sont directement liés à la gouvernance, à la paix et aux droits humains, Wangari Maathai s’est appuyée sur le Mouvement de la ceinture verte pour lutter contre les abus de pouvoir, tels que la confiscation des terres publiques, ou pour s’opposer à la détention illégale d’opposants politiques. Sa dévotion et son combat acharné ont fait d’elle en 2004 la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix. Elle est décédée le 25 septembre 2011 à Nairobi.
Manu Dibango
Emmanuel N’Djoké Dibango, dit Manu Dibango, est un saxophoniste et chanteur de world jazz né le 12 décembre 1933 à Douala, au Cameroun. C’est en France, au printemps 1949, qu’il apprend à jouer de la mandoline, du piano et du saxophone. C’est également à cette époque qu’il découvre le jazz et fait ses premières armes dans les cabarets de France, puis à Bruxelles. Au début des années 1960, il ouvre son propre club de jazz en Afrique. En 1969, il sort son premier album aux sons très jazzy, « saxy Party ». En 1973, c’est la déferlante « soul Makossa » ; ce morceau aux accents très africains devient en quelques mois un succès planétaire. S’en suivra une longue carrière musicale dans laquelle le chanteur appellera à l’unité, à la tolérance, à l’écoute, à l’altruisme, aux valeurs universelles, ce qui a fait de lui l’un des artistes africains les plus célèbres de tous les temps. Il est décédé le 24 mars 2020 à Melun, en France
Miriam Makéba
Miriam Makeba, de son vrai nom Zenzile Makeba Qgwashu Nguvana, parfois surnommée « Mama Afrika », est une chanteuse d’ethno-jazz et militante politique sud-africaine. Elle est née le 4 mars 1932 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Ayant connu une enfance et une adolescence difficiles, c’est à l’âge de 20 ans qu’elle s’essaie à la musique en rejoignant le groupe Manhattan Brothers, où elle devient choriste. C’est à cette époque qu’elle hérite du surnom Miriam. En 1956, la jeune chanteuse connaît son plus grand succès avec la chanson « Pata pata », dans laquelle elle dénonce l’apartheid. Elle entame alors une tournée internationale pendant laquelle elle fait une apparition dans le film Come Back, Afrika qui décrie avec ferveur le régime sud-africain. Forcée à l’exil à cause de ce rôle, Miriam Makeba trouve refuge aux États-Unis où elle obtient le soutien des Américains pour son combat contre l’apartheid. Mais en 1969, elle doit s’installer en Guinée suite à son mariage avec Stokely Carmichael, l’un des leaders des Black Panthers. Durant toutes ces années, elle continue à promouvoir la musique africaine et à dénoncer le régime d’apartheid à travers ses chansons. En 1990, Nelson Mandela la convainc de revenir dans son pays d’enfance. Son exil d’Afrique du Sud, qui aura duré 31 ans, prend alors fin. Son engagement à travers son œuvre artistique fait d’elle l’une des plus grandes figures de la lutte panafricaine. Elle est décédée le 9 novembre 2008.
Samuel Eto’o Fils
Né le 10 mars 1981 à Nkon, au Cameroun, Samuel Eto’o Fils est un ancien footballeur dont les prouesses ont fait de lui l’un des meilleurs de sa génération. Passionné de football depuis sa plus tendre enfance, c’est à l’âge de 15 ans qu’il fait ses premiers pas dans l’équipe nationale camerounaise. Grâce à son immense talent, le jeune footballeur embrasse une carrière internationale au cours de laquelle il participe aux plus grandes compétitions officielles, nationales et internationales. Évoluant aux côtés de certains des plus grands noms du monde du football, le joueur nommé meilleur buteur de l’histoire du Cameroun et de la Coupe d’Afrique des Nations enchaîne les victoires au sein des clubs dans lesquels il évolue. Figure emblématique du football africain à l’échelle internationale, c’est aussi par son humanisme et sa dévotion pour le continent africain qu’il impressionne. Son parcours professionnel a été sanctionné d’innombrables récompenses, parmi lesquelles, un récent doctorat honoris causa de l’École de commerce de Lyon, en France.
PATRIMOINE CULTUREL ET NATUREL DE L’AFRIQUE
Pyramides d’Égypte
L’Égypte abrite certains des plus anciens monuments de la planète, dont la seule des sept merveilles du monde antique à avoir résisté au temps : les pyramides. Les pyramides d’Égypte, de tous les vestiges monumentaux légués par les Égyptiens de l’Antiquité, et notamment les trois grandes pyramides de Gizeh, sont à la fois les plus impressionnantes et les plus emblématiques de cette civilisation. Si elle fut, à l’origine, destinée au roi, l’idée d’une sépulture pyramidale fut rapidement reprise par les proches du souverain. Tombeaux de rois, de reines et des grands personnages de l’État, dont l’édification remonte pour la grande majorité à l’Ancien Empire, la forme pyramidale de pierre accueille une ou plusieurs chambres internes reliées par des couloirs. La grande pyramide de Gizeh, construite par Khéops, est classée au patrimoine mondial de l’humanité.
Mémorial du génocide rwandais
Le Mémorial du génocide de Kigali est un lieu de recueillement et de mémoire situé dans la capitale du Rwanda. Il a été établi pour commémorer le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Il a été inauguré en avril 2004, à l’occasion du 10e anniversaire de la tragédie rwandaise de 1994. Ce centre commémoratif est l’un des six établis au Rwanda pour commémorer le génocide. C’est un mémorial permanent pour les victimes du génocide et peut servir de lieu d’inhumation. Il contient les restes de plus de 250 000 personnes inhumées sous les lourdes dalles de son extérieur. Lors des visites, on peut y voir les portraits d’enfants massacrés. On peut lire en plus de leurs noms et de leurs âges, quels étaient leurs jeux ou leurs plats préférés. On y découvre également la manière abominable dont ils ont été tués et, parfois, la dernière phrase qu’ils ont prononcée. Ce sinistre décor rappelle l’horreur de cette guerre tribale qui a déchiré le Rwanda, et appelle l’humanité à prendre conscience des conséquences désastreuses qui peuvent être rattachées à pareille tragédie.
Avenue des Baobabs, Madagascar
L’allée ou avenue des baobabs est un groupe d’arbres qui bordent la route de terre entre Morondava et Belon’i Tsiribihina dans la région de Menabe dans l’ouest de Madagascar. C’est le paysage emblématique de ce pays, surnommé l’île rouge. Elle est formée d’une douzaine de baobabs de 30 mètres de haut et de 5 mètres de diamètre étendus sur toute la route. Ces arbres vieux de plus de 800 ans sont appelés renala, ce qui signifie « mère de la forêt » en malagasy. C’est un héritage des forêts tropicales denses qui prospéraient auparavant à Madagascar, mais dont il ne reste plus que 10%. Cet ensemble spectaculaire est une attraction notoire et l’un des sites les plus visités de la région.
Cascades d’Ouzoud
Situées près de Tanaghmeiit dans les montagnes du Haut Atlas, les cascades d’Ouzoud sont les plus hautes chutes d’eau du Maroc. Elles sont un spectacle magnifique, dégringolant de 110 mètres à travers une gorge de roche rouge de la rivière El Abid. Situées à 150 kilomètres au nord-est de Marrakech, les cascades d’Ouzoud culminent à 1060 mètres d’altitude. Les grés rouges, ainsi que les oliviers et amandiers, ajoutent à la beauté des chutes d’eau. Ce vaste site est un lieu très fréquenté par les touristes venant de tous les coins du monde.
Faune du parc national du mont Kilimandjaro
Le parc national de Kilimandjaro est situé près de Moshi, en Tanzanie. Il entoure le Kilimandjaro et couvre une superficie de 756 km². Le parc est très riche en espèces animales avec plus de 140 mammifères, parmi lesquels 25 carnivores, 25 espèces d’antilopes, 7 espèces de singes et 24 espèces de chauves-souris. On y recense également quelques 180 espèces d’oiseaux, ainsi qu’une multitude d’invertébrés très rares, tels que le papillon papilio sjoestedti unique au Kilimandjaro. Le parc est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987.
Forêt Bassin du Congo
La forêt du bassin du Congo en Afrique centrale est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne, et contient à elle seule un quart de ce qu’il reste de la forêt tropicale dans le monde. Elle couvre près de trois millions de km² et est partagée entre six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. Les forêts du bassin du Congo forment l’une des dernières réserves de biodiversité où les forêts primaires sont interconnectées et permettent des mécanismes biologiques sans perturbation. On y trouve environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30% sont uniques à la région. Les espèces menacées comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles de plaines et de montagnes peuplent ces forêts luxuriantes. Au total, plus de 400 espèces de mammifères et 1000 espèces d’oiseaux ont trouvé refuge dans la zone.
Cuisine traditionnelle Nankani
Le Burkina Faso est un pays très pauvre en pierre de construction, de même qu’il regorge très peu de forêts pouvant offrir suffisamment de bois pour les constructions. Par contre, la terre grasse y est très abondante. Cette terre présente de nombreux atouts qui lui ont permis de s’affirmer comme matériau principal de la construction traditionnelle, donnant lieu à une culture constructive à base de terre très riche et diversifiée dans le pays. Grâce à sa grande malléabilité, cette terre permet de donner naissance à une variété de formes parmi lesquelles on retrouve les cuisines traditionnelles Nankani, célèbres dans le ud du pays. Vestige des traditions ancestrales de l’Afrique, la cuisine traditionnelle Nankani a l’avantage de pouvoir être façonnée à mains nues, sans outil. Cette œuvre originale, pensée pour subvenir aux besoins des ménages, a réussi à traverser l’histoire et constitue aujourd’hui l’une des preuves palpables du génie créateur des peuples africains.
DRAPEAU DE L’UNION AFRICAINE
Le drapeau de l’Union africaine, comme on peut l’apercevoir sur l’image qui accompagne cette série, est le dessin du continent africain sur un fond vert, entouré de 55 étoiles et plaqué sur un soleil stylisé. Le cercle doré se dressant à chaque côté du cercle représente la paix. Le fond vert symbolise les espoirs et les aspirations de l’Afrique et les étoiles représentent les États membres de l’organisation. Les 55 étoiles représentent le nombre d’États que compte le continent. Le drapeau a été adopté en 2010 lors de la 14e session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il a un statut honorifique et est utilisé lors des missions officielles par les hauts fonctionnaires de l’organisation.