Rachel Epsteinest professeur à Josef Korbel School of International Studies de l'Université de Denver.
Résumé
Pendant des décennies avant la crise financière mondiale de 2008, les États-nations d’Europe de l’ouest ont maintenu des liens politiques étroits avec leurs banques. Celles-ci ont bénéficié d’un assouplissement en matière de régulation et d’une concurrence limitée tandis que les États ont cultivé au niveau national des champions bancaires et ont préparé leur électorat à la dette gouvernementale. Cependant, la crise économique européenne et les réponses en matière de régulation ont largement renversé cette relation autrefois symbiotique entre plusieurs banques et leur État. Dans le débat sur l’Union bancaire européenne depuis 2012, les groupes bancaires multinationaux européens ont soutenu de façon surprenante l’idée d’une autorité supranationale, malgré un cadre de régulation plus strict, et d’une supervision centralisée de la Banque centrale européenne. Ce texte explique pourquoi les banques, autrefois redevables et bénéficiaires de la régulation et de la supervision nationale, ont opté en faveur de plus de surveillance européenne. Je montre que les États ont semé les graines de leur propre marginalisation politique vis-à-vis des banques, en encourageant, d’abord, la consolidation nationale des banques et ensuite, leur expansion externe. Comme les banques ont développé une orientation vers l’international (et qu’une plus grande part de leurs revenus provenaient des marchés étrangers), elles ont été davantage intéressées par un ensemble unique de règles et une autorité de surveillance consolidée, même aux dépens de la tolérance nationale. Ce texte soutient ainsi que pour des groupes bancaires multinationaux (et non pas leurs homologues orientés nationalement), l’Union bancaire européenne et "plus d’Europe" ont été généralement un moindre mal en comparaison d’un contrôle national continu.
Abstract
For decades before the Global Financial Crisis of 2008, West European nation-states maintained close political ties to their banks. Banks enjoyed regulatory forbearance and limited competition, while states cultivated national banking champions and a ready constituency for government debt. Europe’s economic crisis and the regulatory response have largely upended this erstwhile symbiotic relationship between many banks and their home states, however. In the debate since 2012 over European Banking Union, even within a framework of stricter regulation and centralized supervision in the European Central Bank, a surprising source of support for supranational authority has been from Europe’s multinational banking groups. This paper explains why banks, once beholden to and beneficiaries of national regulation and supervision, have opted instead to lobby for much more European-level oversight. I argue that states sowed the seeds of their own political marginalization vis-à-vis banks by encouraging, first, banks’ domestic consolidation and then their outward expansion. As banks became more international in orientation (and as a greater share of their revenue came from foreign markets) they became more interested in a single rulebook and consolidated supervisory authority, even at the expense of national forbearance. The paper thus argues that for multinational banking groups (but not their domestically-oriented counterparts) European Banking Union and “more Europe” generally represented the lesser of two evils when compared to continued national control.
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Citation
Epstein, R. (2014). Choosing the Lesser of Two Evils : Explaining Multinational Banking Groups’ Push for Supranational Oversight in the EU. Cahiers du CÉRIUM Working Paper No2. Centre d’études et de recherches internationales, Université de Montréal.