Marie-Ève Reny est chercheure associée au CÉRIUM
Résumé
L’une des caractéristiques centrales de la politique étrangère de la Chine est sa non- ingérence dans les affaires internes d’autres États. Bien que la Chine se soit conformée à ce principe avec certains pays, son agenda politique en Birmanie s’en est éloigné. Beijing coopère d’une part avec Naypyidaw sur les plans politiques, militaires et économiques, mais elle appuierait aussi indirectement des groupes insurgés à la frontière sino-birmane en conflit avec l’État birman depuis des décennies. Elle se trouve en conflit d’intérêt face à l’État birman, dont elle reconnaît la souveraineté territoriale, et ses organisations non-étatiques qui la contestent en partie. Cette tension n’est pas nouvelle, puisque la Chine appuyait l’insurrection communiste en conflit avec l’État birman sous la dictature militaire de Ne Win. Elle est toutefois plus subtile et ne s’insère plus dans le cadre d’une diplomatie formelle.
Abstract
One principle underlying China’s foreign policy is its non-interference in the internal affairs of other states. While China has adhered to that principle with some countries, its political agenda in Burma/Myanmar has not. Beijing cooperates with Naypyidaw politically, militarily and economically, but it also indirectly supports insurgent groups on the border that have been in conflict with the Burma/Myanmar state for decades. There is a conflict of interest between its recognition of the Burma/Myanmar state’s territorial sovereignty and its support of groups that partly contest it. This tension is not new since China supported the communist insurgency fighting the state under Ne Win’s dictatorship. It is, however, more subtle and no longer part of its formal foreign policy agenda.