En ces temps inédits où la COVID-19 chamboule le monde et nous confine à demeure, les chercheurs du CÉRIUM partagent à tour de rôle leur sélection des meilleurs articles, ouvrages, documentaires, films et autres sur des thèmes qui leur sont chers. En espérant qu’ils vous informent et, surtout, agrémentent vos longues heures passées à la maison.
La sixième sélection est signée Frédéric Mérand, directeur scientifique du CÉRIUM. «Pour certains, la crise rime avec désœuvrement; pour d’autres, avec surmenage. Afin d’occuper les premiers et d’apaiser les seconds, je suggère quelques lectures qui, dans des contextes historiques très différents, abordent un aspect de l’expérience humaine que nous vivons aujourd’hui.»
Pour chaque lecture, un agencement musical est proposé.
L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar (Gallimard, 1976) fait traverser une époque de grands tumultes, celle d’un 16e siècle européen marqué par la peste et l’obscurantisme, mais aussi par une Renaissance incarnée par le personnage principal, Zénon.
À lire en écoutant une musique d’époque orchestrée par Jordi Savall.https://www.youtube.com/watch?v=UXv923PTlJU%20
Apostrophes: entrevue avec Marguerite Yourcenar sur «L’oeuvre au noir», décembre 1979
Stoner de John Williams (Viking, 1969) décrit la vie banale d’un professeur dans une université du Midwest américain. On y parle d’amour, de littérature et d’échec. À l’heure de l’éloignement social, c’est surtout un roman sur la solitude d’un homme qui ne réussit pas à créer de lien significatif avec les autres.
Le jazz de Miles Davis épouse avec sobriété les non-dits du roman.
Stoner en résumé, par John Williams
Dans un genre plus caustique, Thomas Bernhard met en récit, dans Oui (Gallimard, 1980), le monologue intérieur d’un ermite misanthrope volontairement isolé au cœur d’une forêt autrichienne.
Une fois qu’on s’est habitué aux phrases longues de plusieurs pages, la prose roborative de Bernhard s’apprécie en écoutant, comme le narrateur, un concerto pour piano de Robert Schumann.
Thomas Bernhard et le dégoût de vivre, Le Monde, 14 novembre, 1980