Cahier du CÉRIUM no 32, 2024-06
Élise Féron, chercheuse au Tempere Peace Research Institute, Finlande, et chercheuse en résidence au CÉRIUM du 12 au 15 mars 2024
Résumé
Ces dernières décennies, les violences sexuelles perpétrées en période de guerre ont fait l’objet d’une attention importante de la part du monde des médias, de la politique, de l’action humanitaire et de la recherche. Elles ont été l’objet de multiples initiatives politiques nationales et internationales, telles que des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette attention accrue n’a cependant pas permis de les éradiquer, ou même de générer un mouvement dans cette direction. Ce Cahier tente de dresser le tableau des violences sexuelles en période de guerre, et d’évaluer leur importance dans les conflits contemporains en passant en revue leur diversité, leur complexité, mais aussi leur omniprésence lors de conflits violents. Les principales théories relatives aux motifs des perpétrateurs et aux effets de ces violences, au niveau individuel et collectif, sont présent.es, ainsi que les approches méthodologiques dominantes, et les défis éthiques qu’elles soulèvent. Enfin, cet essai propose quelques pistes de recherche basées sur le concept d’intersectionnalité et sur une approche non binaire des victimes et des auteur.e.s de ces violences.
Abstract
Over the past decades, wartime sexual violence has attracted significant attention from the media, from political and humanitarian actors, as well as from researchers. It has been the object of numerous national and international political initiatives, such as multiple UN Security Council resolutions. This increased attention, however, has not helped to eradicate them and has even failed to generate movement in that direction. This Cahier attempts to present an overview of sexual violence patterns in times of war and to assess their importance in contemporary conflicts by reviewing their diversity, their complexity, but also their omnipresence during violent conflicts. The main theories relating to the perpetrators’ motives and the effects of this violence at the individual and collective levels are presented, as well as the dominant methodological approaches and the ethical challenges they raise. Finally, this essay proposes some avenues for research based on the concept of intersectionality, as well as on a non-binary approach in order to challenge the way victims and perpetrators of sexual violence have been framed so far.